D'Abidjan à Carcassonne : Une fin paisible

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En route depuis Abidjan pour la France, nous faisions une dernière étape dans le Haut Atlas. Nous étions dans la vallée des gens heureux d’où nous partions pour une marche vers le deuxième plus haut sommet du Maroc, le mont M’goun. Nos amis Berbères, habitants de la vallée, nous accompagnaient. Nous disposions aussi de deux mules qui se chargeraient agréablement, pour une bonne partie de la randonnée, des bagages. Tous les préparatifs avaient été faits la vielle et le jour n’était pas encore tout à fait levé que nous marchions déjà vers les sommets.

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Dans les montagnes

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Omar était le guide, c’était notre ami il organisait l’expédition qu’il voulait nous offrir depuis longtemps. Mohamed se chargeait des mules, celles-ci étaient dociles tant que les chemins étaient faciles, quand nous passions des zones de roches escarpées elles s’avéraient plus difficiles à gérer. Nous leur pardonnions volontiers quelques sautes d'humeur elles qui portaient notre fardeau. Un troisième compère s’occupait de la cuisine. C’était bien agréable, il faut le reconnaître, d’avoir des plats chauds et cuisinés pour recharger les batteries le soir. Force est de constater que notre rôle, ma femme et moi, restait très secondaire, il se résumait à essayer de suivre.

La marche d’approche a durée plusieurs jours. Traversant des vallées perdues, passant des cols plus ou moins difficiles nous cheminions vers l’objectif dans une bonne humeur constante. Le soir après s’être régalé des mets préparés par notre cuisinier les instruments de musique sortaient pour profiter encore un peu de la journée. Les nuits où nous n’avions rien trouvé d’autres se passaient sous une tente commune où chacun profitait d’un sommeil réparateur. Souvent nous demandions l’hospitalité dans les villages, les soirées nous emmenaient la visite des habitants, nous apportant de petits cadeaux de bienvenus. En plus de nous héberger gratuitement !

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Une nuit nous avons était accueillis dans un camp de nomades. Un peu par hasard, j’avais partagé je ne sais plus quelle nourriture que nous consommions rapidement en marchant avec un jeune garçon croisé sur le chemin. Le soir le chef du campement nous a interceptés pour nous inviter. Nous n’avons pas perdu l’occasion de découvrir leur vie et de gouter quelques spécialités, souvent issu du chameau. Lait et viande notamment. Ils faisaient beaucoup de choses comme les Touaregs, en particulier la cuisson sous le sable, le pain ou la chèvre les jours de fête. Nos amis respectaient beaucoup ces nomades, comme souvent des gens pauvres mais généreux.

Quand nous montrions des signes de fatigue Omar demandait si nous étions « pièces détachées », une façon de dire fatigués, ou plutôt très fatigués. Notre fierté nous faisait refuser l’adjectif jusqu’au moment ou cela devenait difficile de nier. Plus haut, le vent nous a rejoints quand nous avons commencé à prendre de l’altitude, un vent terrible qui rendait la randonnée et les soirées moins agréables. Heureusement nous arrivions au refuge qui sert de base à la montée du M’Goun, qui si mes souvenirs sont exact signifie « vent ». L’ascension n’est pas spécialement difficile quand on est un peu montagnard mais il y a, avant la montée finale, une arrête particulièrement exposée au vent sur laquelle il faut faire attention.

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Au refuge nous avions perdu l’intimité de notre petit groupe mais l’ambiance était très cordiale. Un autre couple de Français était là avec leur guide. Nous étions en altitude, il faisait assez froid. Il y avait des douches, l’eau était chauffée au gaz. A un tour de rôle, d’abord les femmes puis les hommes pouvaient aller en profiter. Quand se fût notre tour, j’eus la chance, dû à mon habitude des voyages dans le désert oú l’eau était précieuse, d’être rapide. Il s’était produit une fuite de gaz dans ce local fermé, je suis sortis avec un léger mal de tête mais celui qui était avec moi, restant un peu plus, s’est retrouvé malade au point que son état nous a préoccupé jusqu’au matin suivant.

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Le lendemain il fallait redescendre, en deux jours d’une marche assez fatigante nous avons rejoint la maison d’Omar, dans la vallée. Nous étions pièce détachée mais heureux de notre randonnée. Les plats étaient prêts pour nous faire honneur et profiter en famille de notre dernière soirée dans la vallée.

Tout a une fin

C’est les larmes aux yeux, longtemps après que les coqs de la maison aient appelés, que nous reprenions le lendemain la petite route en direction de Rabat, ne sachant pas quand la vie nous gratifierait d’une nouvelle visite dans la vallée. La fin de notre visite Berbère mais aussi la fin de notre long voyage. Il n’y avait plus qu’à rejoindre Tanger pour passer notre dernière nuit Africaine dans sa belle médina refuge de nombreux artistes Européens à cette époque. Un ferry nous amenait le lendemain vers les côtes Andalouses à travers le détroit de Gibraltar. Je ne savais pas encore que je m’y établirais quelques temps 25 ans plus tard.

Partis d’Abidjan en juin, nous arrivions mi août en Europe. Avec ses plages surpeuplées, ses bouchons, ses autoroutes, ses prix démesurés, son acharnement sécuritaire, nous retrouvions la vieille Europe sans plaisir. Je ne me souviens que de pauses pour dormir un peu, prendre de l’essence et un café et des heures ennuyeuses d’autoroute.

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Nous avions parcouru plus de 10000 kilomètres depuis le départ, un certain nombre sur les pistes difficiles de Guinée et du désert de Mauritanie. Il fallait profiter de l’Europe pour faire quelques réparations, c’était la passion de mon ami Charles, au fin fond de la Corrèze. Dans sa cours, en quelques jours la voiture était mieux qu’au départ, prête pour les prochaines aventures Africaines elle allait prendre place dans un container qui la ramènerait sans forcer à Abidjan.

Charles mon ami, la vie nous a finalement séparée mais de là oú tu es saches que les leçons de mécanique de cette semaine d'apprentissage m'ont servie et me servent encore aujourd'hui.

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