¤ Au-dessus du Rivage ¤ [Nouvelle.]

Bien le bonjour !

Je vous partage ici Au-dessus du Rivage, une petite nouvelle rédigée au cours de l'été 2017.

Bonne lecture !

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[Sunset on the Coast, Henry Moore.]

Je me tenais debout au-dessus du rivage, les yeux plongés au cœur des flots. L'esprit noyé entre les vagues, je sentais la brise matinale chatouiller mon visage et balayer mes cheveux. Je frissonnai, enroulant mes propres bras autour de mon propre corps. Frêle, je chancelais frugalement sous les caresses de l'air. Reculant d'un petit pas, je fermai les paupières, et reniflai l'air marin. Je souris.

Cette bouffée d'oxygène était si plaisante ; je la sentais qui s'engouffrait dans mes narines, pénétrait ma trachée et s'immisçait délicieusement entre mes poumons. Un rire s'échappa de mes lèvres souriantes. Ce souffle neuf, cet air pur... C'était si bon ! Avais-je déjà senti ça auparavant ? Avais-je déjà connu cette satisfaction, cette jouissance ? 

Mes prunelles s'ouvrirent à nouveau, observant ce beau monde comme pour la toute première fois. Au loin, l'astre brûlant s'élevait lentement, se tenant encore à l'abri derrière quelques vapeurs cotonneuses. Lentement, dans une grâce semblable à celle de pétales, ses rayons prenaient place au sein de l'azur brumeux. Le ciel s'ouvrait pour laisser place à cette fleur dorée, semblant s'embraser sous le feu de sa beauté. J'assistais à l'éclosion du soleil, l'éveil d'une journée. 

C'était ainsi, donc, que le monde naissait chaque jour ? Perpétuellement, la nature rejouait son explosion originelle. Le soleil éclatait au ralenti, sous mes yeux ébahis, véritable métaphore de son Big Bang créateur. 

Je haletais par tant de merveilles. Tant de merveilleuses surprises. Qui eût-cru que j'eusse autant d'aisance à me retrouver ici ? Qui eût-cru que cela eusse été si facile, si... agréable ? Je me sentais si bien. Pleine d'allégresse. Sans exagération, je n'aurais pas été surprise de surprendre mon âme se détacher de mon être pour parcourir les cieux. Cet étrange sentiment de lévitation psychique... Était-ce un effet de l'iode ? L'air marin n'avait jamais imprégné ma poitrine avant ce jour. Était-ce un effet de la joliesse que j'observais ici ? Auparavant, je n'avais jamais discerné autant de magnificence. 

Auparavant...  Ma bouche se crispa en un rictus malheureux. Les images du passé étaient si laides. Abjectes, informes, hideuses. Je frémis, détournant brutalement la tête. 

Non. Je ne devais plus y songer. Ma vie était loin de tout ça, maintenant. Loin de tout ce qui avait pu précéder, loin de tout ce qui avait pu me blesser.

Loin de toi. 

Expirant, je redressai lentement ma figure, avançai de quelques pas jusqu'à voir en dessous de moi. 

Loin de toi.  

Je glissai mes yeux sur toi, en bas, tout en bas du rivage. Les vagues, furieuses, bestiales, s'arrachaient ton corps meurtri. 

Très loin de toi. 

Soulagée, je laissais le sourire venir recouvrir mes lèvres. 

Et, baignée par la lumière du jour, je te quittai à jamais. 

[Dessin par Andreas Effett Fredriksson.]

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Merci pour votre attention ! N'hésitez pas à me faire part de votre avis en commentaire. Merci d'avance. 

Bonne journée, 

Et à bientôt ! Miaou.  

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