La Saga PLOUF [Episode 14] : Plouf dans la cour des grands

En janvier 2016, on me donne un bateau, un tout petit voilier. Un rêve de gamin. Il s'appelle Plouf. Et justement le canote est dans un état pas possible et je n'y connais pas grand chose à part voiler. Je vous raconte le parcours que j'ai mené avec ce petit bateau, devenu mon quatrième bébé! Après maintes rénovations et sorties en mer, il est venu temps d'aller faire des régates!

La Binicaise est une course locale, bon enfant, en principe organisée et réservée par et pour les dixhuitistes (propriétaires de First 18, ce sont des bateaux très populaires qui marchent très bien et font pile 6 mètres!) Bien entendu, mon bateau ne fait qu’un petit mètre de moins, mais un mètre sur un voilier, c’est énorme. Moi je suis un tout petit avec Plouf et leurs bateaux sont surtout d’une conception plus moderne. Mais avec tout ce que j’ai fait sur Plouf, ça chatouille d’aller les taquiner un peu!

La course se déroule en deux manches, une le matin et une l’après-midi avec escale au port de Saint Quay Portrieux le midi pour déjeuner tous ensemble. Un pique nique sur le ponton en clair. Sympa non? La bateau comité (escorte) est le bateau du Port de Binic, Ours Seul. Mon fils Tristan est descendu spécifiquement pour la course. J’ai hâtée de régater avec lui. On se connait bien et le Plouf on le maîtrise!

Un de mes buts avec Plouf, c’était de me rapprocher de mes enfants et avec Tristan, ça fonctionne à plein. Il est mordu comme moi. D’ailleurs, si on sort quand c’est pétole (pas de vent du tout) il me la joue puriste : non papa, on ne remet pas le moteur… Pffff couillon de gamin, moi je remets le moteur en route et hop on avance au vent apparent, toutes voiles dehors! Na mais! C’est qui le tôlier? Enfin Capitaine…

Pantalon de quart, vestes de quart, on est prêt. Les vents sont annoncés à 30 noeuds. Limite pour Plouf. Là il faut prendre une décision avant de décoller. Ris ou pas ris? Un ris permet de baisser la surface de la toile de la grande voile. Plouf a un rang de ris. Les first 18 en ont deux. En fonction de la force du vent, tu les mets. Sur certains bateaux, ils sont automatiques, c’est à dire que la manœuvre peut se faire en temps réel sur le plan d’eau. Sur Plouf, tout est à la mano! Et d’expérience il vaut mieux le faire au port. On se regarde avec Tristan. Alors, on le met ou pas? 30 noeuds, un peu de houle, pendant 8 heures…

La décision est prise pendant le brief à quai. On verra en mer. Dans un premier temps, on y va tout schuss. 9h30, tout le monde est sur le plan d’eau. Prêt à repasser derrière le bateau comité pour franchir la ligne de départ. TOP!!!! Le malin que je suis avait pris soin de mettre le bateau à la cape (technique qui consiste à immobiliser le bateau toutes voiles dehors mais peu connue paradoxalement et surtout rarement utilisée). On est juste derrière Ours seul. Allez go, on change le foc de sens et je borde la GV. Tristan à la barre. Virement de bord propre. On empane derrière le bateau comité : c’est parti!!!!

Les onze bateaux se sont lancés, direction une grosse bouée au large. Au près c’est à dire proche de face au vent ce qui est en principe l’allure la plus rapide sur les bateaux. Ce n’est pas l’allure que préfère Plouf. Avec sa grande voile et ses lattes, il déboite surtout en vent de travers, mais pour le coup cette situation nous arrange bien car on va pouvoir gérer le vent et les rafales qu’on ramasse. Face au vent, il suffit de pousser la barre pour ralentir et tirer pour accélérer. C’est sportif mais c’est sécurisant. Avec Tristan on se donne à fond. On en a déjà trois derrière nous. Ils nous talonnent mais ne nous rattrapent pas…. Nous sommes 8ème (sur 11) à ce moment là mais la course ne fait que débuter!