C'est un lieu commun de dire que "le temps, c'est de l'argent". Peut-être vous êtes vous déjà surpris(e) à le dire ? Peut-être avez-vous regretté de l'avoir dit? Même si ce n'est pas faux de le dire, ce n'est pas complètement vrai non plus. Comme toutes les banalités ( définition de "lieu commun" ), ce genre de proposition manque de consistance. Mais bon nombres de gens s'accorderont à penser que c'est vrai.


En même temps, je vois dans cette formule quelque chose de dangereux car profondément réductionniste. Il s'agit d'un principe d'égalité qui se borne à vouloir évaluer deux notions bien différentes dans leurs catégories respectives. Si l'on dit que le temps peut être mesuré il ne représente en rien une valeur quantifiable pour un sujet quand il s'agit de prendre du bon temps, ni de passer un sale quart d'heure.


Comme l'espace, le temps a un effet de vitesse purement subjectif, d'accélération ou de décélération, qui ne correspond pas en tant que tel à une valeur purement quantifiable et qui appartient en propre à une toute autre catégorie qui est celle du qualitatif. Le temps du rêve ou des loisirs ne sont en rien quantifiable par l'argent, à moins d'appliquer une grille de dépenses systématiques à notre vie et une comptabilité divine de tous nos instants. La véritable nature du temps n'est pas quantifiable, elle est purement qualitative et s'exprime par le concept de durée. Le temps n'est ni une ligne droite ni un cercle, il est elliptique.
Il suit une courbe donnée avec des points de rappels et de ruptures.


Donc, le temps a bel et bien une valeur ajoutée sur l'argent et il n'appartient pas du tout à la même catégorie qui est du pur quantifiable.


Contrairement à l'argent, le temps aussi nous appartient. Alors que l'argent que nous possédons a une valeur qui est déterminée par l'État, notre temps n'est régulé par aucun système en-dehors des obligations qui nous poussent à obtenir de l'argent.


Et c'est précisément là que nous commettons la plus grave erreur, en vendant notre temps si précieux contre une valeur pécuniaire qui ne nous appartient même pas. Nous échangeons notre bien le plus précieux par quelque chose qui nous a été rendu encore plus indispensable: l'argent.


Dans nos sociétés modernes occidentales, modèle représentatif international de toutes les autres sociétés et représentant un idéal manipulé par les valeurs purement matérialistes et consuméristes du marché et de l'économie, nous avons brûlé toutes les idoles à la folie d'un seul Dieu, le Dieu de l'argent et son pouvoir d'enrichissement. Mais ce Dieu n'a rien de bénéfique car il est précisément l'instrument d'asservissement des peuples qui sont contraints en son nom de vendre systématiquement ce qu'ils ont de plus précieux: leur temps.

Le remède à cette déplorable situation serait la fameuse formule du Christ: "Rendez à César ce qui appartient à César." Mais personne ne l'a jamais véritablement compris. Car vu les fortunes dormantes qui se trouvent sur cette planète, on sait que ce n'est pas l'argent qui manque, mais bien plutôt un partage équitable des richesses.


Savoir que notre temps est un bien plus précieux que l'argent, c'est ce que tous les grippe-sous ont généralement tendance à oublier. L'argent rendrait-il vicieux, avare, cupide ? En vous assénant des lieux communs et des formules toutes faites, ils veulent vous empêcher de penser, vous, qui vous dressez contre toutes les injustices de ce monde pour revendiquer votre conscience et votre temps.


Ne gaspillez plus votre temps et votre santé pour de l'argent. Riche mais esclave des richesses, est-ce une situation enviable? Toute l'idéologie consumériste repose sur ce principe. Votre personnalité ne doit pas se réduire à ce que vous gagnez. N'êtes-vous que la fonction à laquelle on veut vous assigner ? Alors, devenez riche et donnez tout ce que vous avez... sur Steemit!? Vous ferez alors de votre temps (plus précieux que l'argent) la véritable richesse de votre vie.