Lancement de "l'année électorale" 2022-2023

Le congrès extraordinaire du CSV (parti populaire luxembourgeois chrétien social, famille EPP) a eu lieu ce samedi 11 juin 2022 au Forum "Geeseknäppchen" à Luxembourg ville. Avec les évolutions du paysage politique luxembourgeois, il marquait un moment important.

Contexte politique

La scène politique luxembourgeoise à été dominée pendant longtemps par trois partis "classiques":

  • le CSV, parti populaire de la famille "chrétien démocrate", le parti de Pierre Werner, de Jacques Santer, de Jean-Claude Juncker et de Viviane Reding, qui a été au pouvoir (souvent en coalition) au niveau national pendant plus d'un demi-siècle après la deuxième guerre mondiale et jusqu'en 2013, avec une seule interruption, le gouvernement libéral de Gaston Thorn 74-79
  • le LSAP, parti socialiste des ouvriers, avec lequel le CSV a souvent travaillé en coalition au niveau national et qui par ailleurs détenait le pouvoir au niveau local dans le sud ouvrier du pays (le "Minett", mines de fer et sidérurgie)
  • le DP, parti libéral dont le bastion est la capitale, la ville de Luxembourg, qui en plus d'avoir gouverné du temps de Gaston Thorn a également fait partie de certaines coalitions avec le CSV au fil des ans.

Le XXIème siècle a vu le paysage politique luxembourgeois se transformer de manière similaire à ce que nous voyons dans d'autres pays européens, notamment en Allemagne: montée rapide de l'écologie politique, représentée par déiGréng ("Les Verts") et effritement progressif du vote socialiste et du vote CSV

En 2013, à la suite d'élections anticipées, le CSV perd 3 sièges. Bien qu'il reste le premier parti du pays avec 23 députés sur 60, il ne réussit pas à former une coalition pour se maintenir au pouvoir. Avec un gain net de 4 sièges, le grand gagnant est le DP et son leader Xavier Bettel prend la tête d'une coalition "Gambia" avec les socialistes et les verts.

Dix ans et un autre cycle électoral plus tard, le support du CSV a continué à s'effriter, le parti perdant deux sièges supplémentaires en 2018. Des fractures internes sont apparues et ont culminé avec l'apparition cette année d'un nouveau parti "sans idéologie", appelé Fokus et emmené par l'ancien président du CSV, Frank Engel.

Le CSV rentre donc dans cette nouvelle période électorale dans une position fragilisée et se voit confronté à un défi de taille: revenir au pouvoir après dix ans sur les bancs de l'opposition, à contre-courant des tendances politiques qu'ont révélé les élections en Allemagne, où le parti "frère", CDU a perdu le pouvoir, et en France ou les Républicains se sont fait littéralement écraser.

L'enjeu local

Le Congrès était hébergé par la section "CSV Stad" (ville de Luxembourg) dont le jeune président, Serge Willmes, premier échevin de la Ville, à tenu un discours de bienvenue au 235 délégués nationaux (photo ci-dessous)

20220611_101142.jpg
Serge Willmes, premier échevin de la Ville de Luxembourg et président de CSV Stad, a tenu un discours de bienvenue aux délégués nationaux au Congrès extraordinaire du CSV

Les élections communales sont prévues pour le 11 juin 2023 et le CSV, actuellement "junior partner" du DP qui détient la Mairie, joue une carte importante.

Nouvelle structure "bicéphale"

Suite aux remous au sein du parti, qui ont vu le départ avec fracas de Frank Engel, la gouvernance du parti a été revues et les postes ont été "dédoublés" pour assurer la parité. Ainsi le discours d'ouverture du Congrès a été prononcé par les deux présidents du parti, Claude Wiseler et Elisabeth Margue

20220611_101305.jpg

Cette dernière a ensuite présenté la mission de renouveau du parti, qui incluait une recherche de consensus sur ce que sont les valeurs qui rassemblent ses 10 000 membres et qui devait également aboutir à la définition d'une nouvelle identité visuelle. Le processus, encadré par une agence de communication allemande spécialisée dans le travail politique, avait reçu l'acronyme "dart"

Egalité d'opportunités

20220611_110028.jpg

(ma traduction - caveat: mon luxembourgeois n'est pas parfait)
"Le CSV est un parti de valeurs. Chaque femme et homme compte et doit être protégé. L'équité signifie pour nous l'égalité de chances. Les mêmes chances au départ même si nous n'arrivons pas ensemble à l'arrivée. Lorsqu'un failli et ne peut plus, nous l'aidons à se remettre debout."

20220611_110836.jpg

Responsabilité personnelle

"Nous soutenons tous ceux qui sont prêts à assumer des devoirs et des responsabilités non seulement pour eux-mêmes mais aussi pour d'autres. Dans leurs familles, dans leur voisinage, au niveau communal, dans le milieu associatif et professionnel. Notre politique de la famille, notre politique sociale, notre politique locale, notre politique du logement, toutes nos politiques sont imprégnées par ces pensées."

20220611_111055.jpg

Innovation

"Nous sommes pour une économie de marché sociale, soutenable et innovante qui joignent l'économie, le social, l'écologie et la protection du climat". Je voudrais attirer l'attention ici sur l'emploi d'un accent sur le mot "innovant", qui marque une nuance avec la politique conservatrice du passée, laissant le domaine de l'innovation aux autres acteurs politiques.

20220611_111206.jpg

En parallèle, la dimension européenne reste, sans surprise, une pierre angulaire de la politique du CSV.

20220611_111315.jpg

Nouvelle identité visuelle

Pour marquer le tournant politique le parti a également décidé de renouveler son identité visuelle.

20220611_112145.jpg

L'orange est devenu plus "jaune" et un bleu est venu augmenter la palette. Un impératif supplémentaire était d'adoucir également l'image un peu revêche du parti en ajoutant une touche d'humour.

20220611_112615.jpg
"Ne vient pas te plaindre à moi. Moi, j'ai voté CSV" - dans les lunettes de soleil du chat on voit se refléter le visage du premier ministre libéral X. Bettel

Préparer les élections locales

La deuxième partie du Congrès a été dédiée au lancement des préparatifs pour la campagne des élections locales. Fait notable, les Statuts du partis ont été adaptés pour permettre des listes "ouvertes" (incluant des candidats qui ne sont pas membres du parti), ce qui n'était pas possible jusqu'ici.

Ce sont les deux secrétaires généraux du parti, Stéphanie Weydert et Christophe Hansen (également MEP) qui ont mené les discussions et présentations

20220611_113301.jpg

20220611_113538.jpg

20220611_114824.jpg

Politique nationale

Pour la fin, les chefs de la fractions parlementaire, Martine Hansen et Gilles Roth ont pris la parole pour pointer du doigt les incohérences de la politique du gouvernement actuel. J'ai trouvé Gilles Roth excellent orateur.

20220611_120526.jpg

H2
H3
H4
3 columns
2 columns
1 column
2 Comments
Ecency