Dans un an, jour pour jour, les Jeux Olympiques de Tokyo seront lancés avec une nouvelle candidate parmi la myriade de disciplines qu'ils proposent : l'escalade. Autant dire que la nouvelle, prise en 2016, a excité toute la communauté de grimpeur... Avant de générer un énorme débat. Comme je le disais dans un précédent post, l'escalade, au niveau compétitif, est divisée en trois (ou quatre) disciplines :
Ce choix peut sembler logique, car il l'est. Bien. Juste également, car il l'est. Bien aussi.
En revanche attendu ? Pas vraiment. Il faut bien avoir conscience que les trois disciplines sont extrêmement différentes. Pour faire une comparaison très bancale, c'est un peu comme si on regroupait les arts martiaux en un seul sport et que l'on demandait à tout les combattants de concourir dans toutes les disciplines pour un classement général. C'est excessivement exagéré, mais c'est l'idée de fond. La majeure partie des grimpeurs pro se spécialisent dans une, parfois deux disciplines. Ici, on demande à tout le monde d'être bon dans les trois. Est-ce une bonne chose ? Une mauvaise chose ? C'est là que je vais donner un peu de mon humble avis.
Quand j'ai appris la nouvelle, j'étais un peu comme tout le monde
Quoiiii ? Mais c'est complètement cooooon ! Ça n'a pas le moindre seeeens ! Et puis la vitesse, tout l'monde s'en fout !Jeune con que j'étais...
Depuis cette époque, j'ai pas mal réfléchi, lu et regardé de vidéos ou de films pour me forger un avis un peu plus construit. A force de réflexions, j'en suis venu vers la fin de l'année 2018 à la conclusion "Pourquoi pas, mais quand même, la vitesse, c'est tout pourri".
L'escalade de vitesse [...] est une des trois disciplines des compétitions d'escalade de l'IFSC avec le bloc et la difficulté. Cela représente le défi pour un grimpeur d'atteindre le sommet d'une voie d'escalade le plus rapidement possible. Cette pratique peut se dérouler soit en extérieur sur une falaise, soit en intérieur notamment sur un mur homologué dont les dimensions et la disposition des prises sont déterminées à l'avance....Depuis 2007. Le mur homologué est le même depuis 2007.
La réflexion de beaucoup de personne, dont je faisais partie, quant à cette discipline est la suivante : "Ah mais du coup, ils montent toujours la même chose ? Mais c'est naze"
D'ailleurs, je maintiens que cette discipline serait vraiment géniale, que quelqu'un la mette en place ! Mais...
Pour donner un exemple d'une des choses que j'apprécie beaucoup, c'est le côté imprévisible de la compétition. Même les meilleurs grimpeur de la discipline peuvent être détrôné par des concurrents plus modestes car il arrive à tout le monde de tomber !
Le film est disponible avec les quatre autres sélections du festival Reel Rock 13 pour une vingtaine d'euros sur le net. Ils sont tous géniaux, si ça vous intéresse, n'hésitez pas, c'est un petit investissement pour une qualité énorme.
Suite à cette incroyable soirée, j'avais donc compris que la vitesse n'étais pas si inintéressante. Cependant, quelque chose me travaillait encore : Adam Ondra a déclaré dans un des films que je venais de voir (Up to speed ou Age of Ondra (passionnant aussi), je ne suis plus sûr) que pour la première fois, il travaillait quelque chose qui ne lui plaisait pas. Rater les JO est inconcevable pour le meilleur grimpeur de l'histoire, mais il est maintenant obligé de s'entrainer sur cette discipline qu'il découvre en même temps que des dizaines d'autres grimpeurs.
Ma réflexion est la suivante : sortir de sa zone de confort, c'est toujours positif. Voir des personnes de ce niveau sortir de leur zones de confort, c'est toujours terriblement excitant et spectaculaire. Mais en même temps...
En même temps, si ces gens sont si bon dans ce qu'ils font, s'ils nous offrent tant de spectacle par leurs actes, c'est parce qu'ils sont passionnés. Alors pourquoi les obliger à entrer dans ce qu'ils n'aiment pas ? N'est-ce pas un peu dommage ?
NOP.
En fait non, pas du tout. Toute la deuxième partie de ce dernier paragraphe est, selon le moi d'aujourd'hui, complètement idiote. Je suis simplement convaincu que balancer des mutants dans une nouvelle discipline va être incroyable. On a déjà pu avoir quelques aperçus des résultats avec, par exemple, Manu Cornu, ex-champion de France en Bloc, remporter le championnat de France de difficulté, tout en atteifnant en parallèle les 6 secondes en vitesse, un an avant les JO. J'espère sincèrement qu'il sera sélectionné pour Tokyo _.
Il y a quelque semaines, j'étais à Chamonix, et j'ai eu une super conversation avec une amie, qui a conduit ma pensé et mes paroles jusqu'à :
Ce qui est bien dans ce format combiné, c'est que c'est inédit. S'ils avaient séparé les disciplines, chacun serait resté dans son domaine, et le spectacle aurait été identique à n'importe quel coupe du monde. On en a déjà une petite dizaine chaque année, on va pas faire collection.En fait, qu'on aime ou pas la difficulté, le bloc ou la vitesse, c'est pas ça le truc important de cette compétition. C'est sa nouveauté. Comme je le disais, les bloqueurs et les difficulteurs (on va dire que ça se dit...) se mettent à la vitesse. Mais les sprinteurs se mettent au bloc et à la difficulté, et c'est cool aussi ! Comme le classement est un mélange des trois, chacun doit s'entrainer de façon stratégique pour pouvoir compenser ses lacunes avec ses forces. C'est...
C'est carrément trop bien.
https://www.instagram.com/p/By2_QZXhMia/
Adam Ondra, donc, doit s'entraîner. Et il ne le fait pas tout seul, mais avec toute sa communauté. Voilà quelques mois qu'il a lancé une série de vidéo appelée Road to Tokyo, dans laquelle il décrit tout son entrainement pour remporter la médaille d'or.